J’entends encore les cris
Eglise St Bernard
J’entends toujours des cris
Des cris de l’expulsion
J’ai regardé comme tout le monde les images à la télévision, ça défilait les images, les commentaires, les pleurs, les gens qui se font expulser, ceux qui expulsent, sur toutes les chaines, et la voix du futur présidentiable du haut de son ministère, du haut de sa présidence de parti, sa voix et son rire, et il ne se gène pas celui-là pour balancer quelques répliques racistes au passage.
Expulsons ! Expulsons !
Tous à la rue pour que puisse enfin repartir le marché de l’immobilier qui ne s’arrête pourtant jamais ! Expulsons les pauvres à qui sont loués des taudis aux prix du neuf ! Expulsons-les !
Ca se bouscule dans ma tête, toute cette haine à la télévision. J’aurais aimé poétiser ma rage, la rendre intemporelle, qu’elle transcende cet évènement... mais rien. L’acte poétique ne passe pas par là. Peut-être pas.
Je regarde derrière mon dos le confort dans lequel je suis et mes bras m’en tombent. Je suis complice de ces expulsions, par non réaction - sorte de mensonge par omission dans la hierarchie des crimes aux yeux non plus de Dieu, mais aux yeux de l’humanité. Rue de la fraternité... quel symbole !